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  • Méthode médicamenteuse

    Ce type d’interruption de grossesse peut se faire jusqu’à 9 semaines d’absence de règles (aménorrhée ) aussi bien à l’hôpital qu’à domicile depuis les dernières recommandations de la HAS (avril 2021) .

    La méthode médicamenteuse consiste à prendre deux types de médicaments dans un intervalle de 24 à 48 heures.

    Concernant l’IVG médicamenteuse à domicile (hors établissement de santé) le médecin ou la sage-femme qui prend en charge la femme pour une IVG par méthode médicamenteuse doit avoir signé une convention avec un établissement réalisant des IVG. Iel s’est formé.e pour cet accompagnement.

    Un premier médicament, la mifépristone (Mifégyne®), bloque l’action de l’hormone nécessaire au maintien de la grossesse (la progestérone) , prépare l’utérus à se contracter et favorise l’ouverture du col de l’utérus.
    Un deuxième médicament , le misoprostol, (MisoOne ®, Gymiso ® ) provoque des contractions de l’utérus et l’expulsion du contenu utérin.

    Ces 2 médicaments peuvent être délivrés :
    Par le médecin ou la sage-femme directement, que l’IVG ait lieu à domicile ou en institution
    Par le pharmacien d’officine, si la consultation de confirmation se fait en téléconsultation, après que le médecin ou la sage-femme ait envoyé par voie sécurisée l’ordonnance au pharmacien d’officine choisi par la femme : cette procédure, initiée pendant l’état d’urgence COVID en 2020 a été pérennisée par les recommandations de la HAS d’avril 2021.

    La remise de ces médicaments, par le médecin, la sage-femme ou le pharmacien peut se faire pour les 2 médicaments en même temps : la prise du premier médicament (mifépristone)peut dorénavant avoir lieu au domicile (et plus exclusivement devant le professionnel de santé), la prise du deuxième (misoprostol) se fera dans un intervalle de 24 à 48 h après la première prise à domicile ou en institution selon les choix qui auront été faits.

    Après la prise de la mifépristone :
    Un saignement peut survenir après la prise de ce premier médicament. Parfois ce saignement peut être plus abondant que des règles, s’accompagner de caillots et de douleurs. Cela ne veut pas dire que la grossesse est déjà arrêtée. Parfois l’expulsion du contenu utérin se produit mais il est indispensable de prendre la deuxième partie du traitement.

    Après la prise du misoprostol :
    Le misoprostol agit dès les 20 1ères minutes mais son action peut se faire ressentir plus ou moins rapidement.

    Les contractions utérines vont survenir, parfois assez vite, et entraîner des douleurs ressemblant à celles des règles, parfois plus fortes. Les saignements vont survenir parfois très vite après la prise du misoprostol, parfois plus tardivement.
    Des nausées et des diarrhées peuvent parfois se produire après la prise du misoprostol et seront passagères.

    Dans 60 % des cas , l’expulsion du contenu utérin va se produire dans les 4 heures qui suivent la prise du misoprostol, mais dans 40% des cas elle survient dans les 24 heures , exceptionnellement dans les 72 heures.

    Des saignements très abondants (nécessité de changer de protection « maxi » plus de deux fois dans l’heure, deux heures d’affilée) ou de la fièvre, ou des douleurs ne cédant pas à la prise des médicaments anti-douleurs, nécessitent une prise en charge par le service hospitalier par lequel a été faite la prise en charge ou avec lequel le médecin est en convention pour la réalisation des IVG par méthode médicamenteuse.

    Si le choix est fait pour ce type d’IVG à la maison, il est important que la femme ne soit pas seule et soit entourée d’une personne qui va être en mesure de l’aider.

    Il est souhaitable que le climat soit détendu et non anxiogène.

    La femme doit avoir reçu une information sur les évènements qui peuvent survenir afin de ne pas être surprise par l’abondance des saignements ou des sensations désagréables, voire intenses.

    Si ces conditions ne sont pas requises, une méthode par voie médicamenteuse avec hospitalisation peut être préférable.

    Les saignements peuvent être abondants quelques jours, ils vont diminuer progressivement dans le temps et durer en moyenne quinze jours mais peuvent s’étaler sur plusieurs semaines. En cas de durée et abondance excessive, de fatigue, pâleur, essoufflement, une consultation médicale est souhaitable

    Si une contraception hormonale est choisie, pour qu’elle soit efficace immédiatement elle doit être débutée dès le lendemain de l’IVG car la fertilité reprend immédiatement. Si une contraception par DIU (autrement appelé stérilet) est choisie, celle-ci pourra être mise en place à la consultation de suivi ; une contraception locale est recommandée dans l’intervalle.

    Une visite de suivi est indispensable dans les 14 à 21 jours qui suivent la prise du misoprostol pour s’assurer que la méthode a été complètement efficace, ce qui est le cas dans 95 % des cas seulement. L’évaluation de l’efficacité se fera par un dosage d’HCG ou un test urinaire d’HCG spécifique (différent de ceux que l’on peut acheter soi-même) ou une échographie.

    En cas d’échec une prise en charge par l’hôpital pour réaliser une aspiration peut être nécessaire.

  • Méthode instrumentale

    Elle ne peut se pratiquer qu’en établissement de santé, 2 types d’anesthésie sont possibles.

    Elle peut se pratiquer en établissement de santé ou en centre de santé., 2 types d’anesthésie sont possibles, locale ou générale. Seule l’anesthésie locale est possible dans les centres de santé.

    Ce qu’il faut savoir :

    Il n’y a pas une méthode meilleure que l’autre mais il faut déterminer avec le médecin ou la sage-femme celle qui est possible et qui conviendra à chaque cas. L’aide au choix peut aussi se faire dans un entretien avec un.e conseiller.e conjugal.e et familial.e formé.e à cet effet.

    La prise en charge de la douleur n’est pas la seule donnée à prendre en compte dans le choix de l’anesthésie.

    Toutes les femmes ne sont pas égales devant la douleur, cela dépend de leur histoire, du sens de cette grossesse, de leur état émotionnel et aussi de leur seuil de perception de la douleur.
    Le recours à l’anesthésie locale, dans les centres qui la pratiquent, s’inscrit dans une prise en charge globale qui intègre en plus de la prise en charge de la douleur physique un accompagnement à type de relaxation, hypnose, massages, … ou toute autre technique d’accompagnement privilégiant le confort de la femme.

    L’aspiration sous anesthésie locale est la méthode la plus simple (pas de consultation avec un anesthésiste) mais si la femme souhaite dormir pendant le geste, il est préférable qu’elle choisisse l’anesthésie générale. La méthode médicamenteuse évitera le geste chirurgical mais elle a ses inconvénients (attente, douleurs variables, saignements prolongés plus fréquents
    , risque d’échec ou de rétention possible bien que rare).

    L’anesthésie générale :

    La femme est endormie complètement. C’est une courte (environ 15 minutes) mais vraie anesthésie et toutes les précautions doivent être prises :

    • Consultation avec le médecin anesthésiste quelques jours avant l’intervention : il faut lui signaler les habitudes de consommation de tabac, les allergies, les antécédents médicaux, les prises habituelles de médicaments…
    • Être strictement à jeun et ne pas fumer depuis la veille de l’intervention (à partir de minuit).
    • Être accompagnée lors de la sortie.

    La trace laissée par la perfusion servant à l’anesthésie générale, souvent réalisée sur le dos de la main ou au pli du coude, peut être un obstacle à la discrétion et doit être anticipée : pensez à en parler à l’anesthésiste en consultation.

    L’anesthésie locale :

    Il faut signaler au préalable les antécédents d’allergie ou de convulsion.
    La femme est consciente lors de l’intervention.
    Le médecin pose un spéculum dans le vagin (cet instrument permet de visualiser le col de l’utérus) et il injecte le produit anesthésique dans le col et la partie haute du vagin.
    Le médecin attend que l’anesthésie fasse effet avant de procéder à la dilatation du col de l’utérus puis à l’aspiration. La patiente peut poser des questions ou parler de ses sensations aux professionnels.
    Différents médicaments sont utilisés en association à l’anesthésie locale pour préparer la dilatation du col utérin et diminuer les sensations douloureuses liées à la contraction de l’utérus pendant et en fin d’intervention.

    L’intervention:

    La durée totale de l’intervention est d’environ un quart d’heure, la technique est la même quel que soit le mode d’anesthésie, le temps d’aspiration est de quelques minutes.
    Soit quand la femme est endormie, soit une fois l’anesthésie locale faite, commence la dilatation : elle consiste à passer dans le col de l’utérus des sondes de calibre croissant jusqu’à un diamètre variable suivant le terme de la grossesse (de 6 mm à 15 mm).
    Ensuite l’on procède à l’aspiration douce du contenu utérin.
    L’opérateur passe dans l’utérus une canule creuse qui est reliée à un appareil d’aspiration. Il déplace doucement cette canule de façon à aspirer la grossesse.
    En cas d’anesthésie locale : la dilatation du col génère des sensations semblables à des douleurs de règles qui peuvent aussi être ressenties à la fin de l’aspiration, n’excédant pas quelques minutes.

    Complications éventuelles

    Elles sont devenues très rares depuis la médicalisation de l’interruption de grossesse, mais existent cependant et sont de plusieurs ordres :
    -au cours de l’intervention :
    Depuis l’utilisation des dilatateurs médicamenteux, les lésions du col de l’utérus (« déchirure »), les perforations de la paroi utérine sont devenues très peu fréquentes. Elles peuvent parfois nécessiter une intervention chirurgicale complémentaire.
    -les risques liés à l’anesthésie sont rares et la consultation d’anesthésie pré-opératoire permet de les réduire au maximum.

    Plus tardivement peuvent survenir d’autres types de complications :
    -une rétention partielle peut nécessiter de prendre des antibiotiques et parfois de procéder à une nouvelle aspiration. De façon très exceptionnelle, la grossesse peut ne pas avoir été aspirée, (surtout dans les grossesses très jeunes). Il faudra alors procéder à une nouvelle aspiration.
    -une infection secondaire peut également survenir, nécessitant la mise sous antibiotiques. La prévention de ces infections passe par leur dépistage lors de l’examen gynécologique.
    -une absence de règles après le premier cycle peut évoquer une « synéchie » (accolement des parois utérines) et nécessite une prise en charge particulière.
    Toutes ces complications sont imprévisibles et tout symptôme anormal doit conduire à contacter le service qui a effectué l’IVG pour un avis médical.

    Surveillance post-opératoire :

    Les saignements sont en général peu abondants à la suite d’une aspiration. En cas de saignements hémorragiques, de douleur, ou de fièvre après la sortie, il faut avertir le service.
    Une consultation de suivi est programmée 2 à 3 semaines après l’intervention, afin de vérifier l’absence de complication et de refaire le point sur les éventuels souhaits de contraception.

    • Quelques recommandations seront faites à la sortie /; ni bains ni piscine pendant 48 heures, surveiller la température dans les jours qui suivent l’avortement et ne pas hésiter à contacter le service en cas d’inquiétude.
    • Dans tous les cas, les rapports sexuels pourront être repris dès que la femme le désire. Le risque de grossesse existe dès le premier cycle : pour être efficace, la contraception choisie par la femme doit être mise en place dès l’IVG.

    -* Une consultation de suivi est recommandée :
    C’est elle qui permet d’éliminer une complication éventuelle et de rediscuter de la poursuite de la contraception en fonction des souhaits de la femme.
    Comme avant l’IVG,  un entretien avec une conseillère conjugale et familiale peut également être proposé si la femme souhaite parler de ce moment, de son vécu et de sa vie sexuelle et affective en général.